[Tribune] L'eau : notre bien commun

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Co-signature d'une tribune en faveur d'une gestion publique durable de l'eau, Michel Leprêtre, président de l'Etablissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre, était présent lors de la visite organisée ce lundi 5 juillet 2021 sur le site de l'usine d'Eau de Paris d'Orly 2. Ce dernier, a pu échanger sur un modèle de gestion de l’eau vertueux et durable au service de la transition écologique avec les présidents des Régies Eaux de Paris, Besançon, Grand Paris Sud.

Le saviez-vous ? 

L’usine d’Orly 2 a remporté début juin le prix du Projet de l’Année (« Water Project of the Year ») qui récompense le projet qui démontre la plus grande innovation en termes d'optimisation de son empreinte physique et environnementale. 

Tribune pour un service public de l’Eau

Face à la financiarisation de l’eau, notre avenir passe par la gestion publique et durable de notre bien commun

Elle trouve enfin sa juste place dans les réflexions sur la transition écologique, grand défi du siècle. La finance mondiale « s’intéresse » enfin à elle, dans tous les mauvais sens du terme : en France les deux grands acteurs privés du secteur se déchirent puis s’entendent autour d’une vision boursière et financière du « marché de l’eau » ; en Australie ou aux Etats-Unis, triomphe une version spéculative et dérivative, pariant sur la raréfaction de cette ressource vitale.

A l’opposé du spectre, de grandes métropoles, comme Bordeaux et Lyon annoncent le retour en gestion publique de leurs services d’eau, portées par des ambitions démocratiques et écologiques renouvelées.

Dans ce contexte, il est bon de proclamer que l’eau est un bien commun et que la gestion publique est la seule voie pour la gérer comme tel. Parce que gestion publique rime avec contrôle démocratique, responsabilité politique et intérêt général, il est utile de réclamer au nom de tou.te.s une maîtrise collective de l’eau, qui assure la protection des ressources.

De nombreuses communes ont uni leurs forces pour créer de grands syndicats comme le SDEA, le SDDEA, le Réseau 31 ou Noréade. Des métropoles et agglomérations comme Grenoble, Paris, Nice, Montpellier, Rennes ou encore Grand Paris Sud ont suivi leur exemple et permis de franchir un nouveau cap. Dans ce sillage, de nombreux territoires, urbains ou ruraux, s’orientent vers la gestion publique. La perspective de voir un mastodonte de l’eau en position de quasi-monopole accélère ce mouvement vers une maîtrise publique de l’eau encore plus nécessaire.

Mais gérer l’eau comme un bien vraiment commun, ce n’est pas seulement la doter d’une gouvernance publique. C’est aussi affirmer et mettre en oeuvre, concrètement, jour après jour, un modèle de gestion vraiment durable.

Ce modèle que nous défendons est fondé sur une proposition : faire de la transition écologique dans ses trois dimensions, environnementale, économique et sociale, un impératif de la gestion des services d’eau. Un changement de paradigme en soi.

Concrètement, cela signifie, comme le font Eau de Paris ou Eau du bassin rennais, engager les opérateurs d’eau dans des démarches de long terme de prévention des pollutions, plutôt que de renforcer systématiquement les traitements.

Cela veut dire rechercher la maîtrise et la sobriété des choix, pour les rendre plus viables aussi bien économiquement que du point de vue environnemental.

Cela signifie enfin encourager les services d’eau à être des acteurs majeurs des politiques de transition écologique, autour de leur mission première dans le strict respect de principes de financement auxquels nous sommes attachés. Là aussi, des opérateurs comme Eau de Paris en France ou bien d’autres en Europe montrent la voie d’une gestion vraiment durable de l’eau.

Ce modèle est également fondé sur des principes forts. Refus de voir la facture d’eau, encore et toujours, s’alourdir pour les plus démunis. Refus de laisser les services d’eau aggraver, pour des raisons de confort, leur impact sur l’environnement, avec des consommations énergétiques accrues

ou des rejets supplémentaires dans le milieu naturel. Refus d’être spectateur d’une course à toujours plus de technologies au détriment d’une prévention à la source des pollutions.

La gestion publique, c’est aussi privilégier un renouvellement durable des réseaux, parfois restitués vieillissants par les acteurs privés à l’issue des concessions, pour réduire les pertes et ainsi protéger la ressource.

Pour nous, l’eau est rare et doit être protégée, dans toutes ses dimensions.

Il est enfin fondé sur un engagement collectif. L’engagement que les collectivités qui feront le choix d’une gestion publique et durable de leurs services d’eau ne seront plus isolées. La solidarité entre régies et territoires est dans l’ADN de la gestion publique. Nous répondrons donc présents à toutes les demandes des collectivités qui se lancent dans la gestion publique. Nous sommes convaincus que le paysage français de l’eau a besoin, pour répondre à ses grands défis, de coopérations agiles entre collectivités et opérateurs publics de taille critique. Il n’a besoin ni de gigantisme, ni d’hégémonisme, mais de partenariats et d’une communauté active de valeurs, incarnée notamment par le réseau France Eau Publique.

Développement durable dans toutes ses dimensions, refus du technicisme comme du laisser-faire, coopération et communauté de valeurs : voilà les conditions d’une gestion vraiment durable de l’eau ! Voilà la voie que nous proposons à toutes les collectivités qui veulent que l’eau soit concrètement gérée comme un bien commun.