Ferme de Contin

L’opération d’urbanisme transitoire de la Ferme de Contin, située à Paray-Vieille-Poste, dans l'Essonne, vise à transformer un tissu urbain périclitant en nouvelle centralité urbaine.

Cette opération est particulièrement singulière. En effet, elle est située en grande couronne parisienne et ses lots sont dispersés de façon diffuse dans un tissu pavillonnaire qui s'est notamment constitué dans les corps de bâtiments d'une ancienne ferme. L'autre caractéristique atypique de l'opération est que la majeure partie de ce corps de ferme est toujours habitée. Les actions qui y sont développées doivent donc être compatible avec ce voisinage.

    L’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre et la ville de Paray-Vieille-Poste ont lancé un appel à projets pour occuper dix lots constitués dans les bâtiments désaffectés de cette ferme et ont formé un jury de riverains pour sélectionner les porteurs de projets qui occupent ces lots, en fonction du règlement établi.

    L'opération, application opérationnelle d’une méthode d'urbanisme expérimental, a une visée programmatique et s'appuie sur des actions de concertation développées dans la Maison des projets, située dans un ancien pavillon désaffecté du quartier. Cette démarche de concertation est pilotée par le Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement de l'Essonne, en partenariat avec des étudiantes du Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués Alternatives urbaines du Lycée Adolphe Chérioux (94). Elle est dirigée vers les riverains, les porteurs de projets, les élus et les techniciens.

     

    Cette opération d'urbanisme transitoire et la démarche de concertation qui y est associée visent à la définition de la programmation du futur projet d’aménagement de l’îlot Contin en permettant de tester de nouvelles fonctions urbaines. Ces nouvelles fonctions permettent la constitution de nouveaux liens sociaux et l'émergence de nouvelles aménités urbaines.

    Les locaux et terrains mis à disposition des porteurs de projets, à prix symbolique, visent :

    • au développement de l’agriculture urbaine, le conditionnement des produits de l’agro-alimentaire ou d’une offre de restauration permettant la promotion de circuits courts,
    • à la création de lieux de partage et de moments festifs et conviviaux autour de l’agriculture, la cuisine, en lien avec la démographie de la commune ou avec les équipements et acteurs présents sur le territoire,
    • au développement de l’activité économique, culturelle, sociale et solidaire, de tiers-lieux, tels que des ateliers partagés, du petit artisanat ou des ateliers d’artistes.

    Quatre porteurs de projets ont été désignés afin de mettre en œuvre l'opération

    1. L’association « Et toi tu fais quoi ? » dont l'objectif est de contribuer au développement durable et la protection de l’environnement par la sensibilisation des publics et la promotion de l’artisanat de réemploi. Elle accueille notamment une Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, une boutique solidaire et des associations locales comme Zestes Citoyens et Entre2AKfé qui y développent des animations visant à sensibiliser le public sur ces thématiques.


    2. L’association « Théâtre du fil », troupe-école de théâtre et centre de formation professionnelle des métiers artistiques et techniques du spectacle vivant permet la réinsertion de personnes en difficulté. Elle accueille une vingtaine d’apprentis et créera sur la Ferme une salle de représentations et de répétitions, un lieu de vie et d’accueil, une costumerie et des locaux administratifs. Elle est également un lieu de création et de diffusion artistique.

     

    3. La coopérative « Alicecoop » qui développe des activités de soutien aux associations et structures coopératives locales dans leur développement (déploiement de leurs projets, soutien technique en comptabilité, gestion, financement et coopération…). Elle accueille 10 apprentis en réinsertion dans une formation de plaquiste spécialisé dans la rénovation énergétique à base de matériaux biosourcés à partir de chanvre cultivé et transformé dans le département de l'Essonne.


    4. La Maison de l’Écologie Urbaine et Pratique est une coopérative qui a pour ambition d’accompagner les entrepreneurs dans leurs projets de création d’une exploitation agricole, en les formant aux différentes techniques permacoles et aux spécificités de l’agriculture en milieu urbain. Le site développe également des actions pédagogiques conviviales ouvertes aux habitants, sous la forme de cafés citoyens, d’ateliers et de ciné-débat sur les questions de l’alimentation durable et responsable.

    Le caractère innovant du projet tient à la fois de la localisation de l'opération, du tissu urbain qui l'environne et de la méthodologie de sa mise en œuvre : Un tiers-lieu "agriculturel" au milieu d'un "océan pavillonnaire", piloté en démocratie directe. Il s'agit de créer une nouvelle ferme modèle du XXIème siècle.

    Bien que leurs difficultés soient moindres que celles des quartiers de grands ensembles ou des petites villes moyennes isolées, les banlieues pavillonnaires de nos métropoles connaissent malgré tout une déliquescence des liens sociaux et sociétaux.

    Cette situation découle, notamment de la forme de l'habitat (pavillon et son jardin clôturé) qui encourage le repli sur la cellule familiale, phénomène accentué par les séries de confinements, mais également de l'absence ou de la faiblesse des espaces publics permettant les rencontres entre habitants ou encore du caractère quasi monofonctionnel de ces tissus urbains.

     

    Cette situation est renforcée par l'augmentation des temps de déplacements pendulaires, qui empêchent ou complexifient fortement l'implication des habitants dans le milieu associatif ou dans les activités citoyennes et politiques.

    Les populations qui y résident craignent, davantage que la moyenne, le changement et ont tendance à s'opposer à toute modification de leur cadre de vie, notamment quand cette population est vieillissante.

    L'opération d'urbanisme transitoire de la Ferme de Contin succède à une tentative de réaliser une opération "classique" de démolition-reconstruction d'un ancien corps de ferme, pour partie délabré, qui a connu une vive opposition de la population.

     

    Les opérations d'urbanisme transitoire de notre métropole sont aujourd'hui essentiellement développées à Paris et dans sa première couronne, comme si les banlieues plus lointaines n'avaient pas la capacité d'accueillir ce type d'opérations. Cette situation accentue le décrochage de ces territoires et de leurs populations des dynamiques métropolitaines et réduit leurs capacités d'innovation et de résilience.

     

    Cette opération vise donc à ramener de la vi(ll)e, là où elle a disparu ou là où elle est en train de disparaîtreen s'appuyant sur ses atouts (taille des espaces mis à disposition, durée de la mise à disposition (au moins 3 ans) et faiblesse des redevances d'occupation) et en atténuant le poids de ses contraintes, notamment la faiblesse des réseaux de transports qui relient la ville de Paray-Vieille-Poste au centre de la Métropole et de ses services (offre culturelle, emploi, dynamique économique...).

     

    En comparaison avec une opération d'urbanisme "classique" de démolition-reconstruction, l'opération permet d'ores et déjà de créer de la singularité urbaine, de valoriser le patrimoine local de la commune, de générer de la diversité fonctionnelle (activité culturelle, activité économique, formation, agriculture urbaine...) qui sera ancrée dans le quartier avant le réaménagement effectif de celui-ci.

    Par ailleurs l'installation de structures qui visaient a priori des objectifs différents permet l'émergence des projets communs innovants grâce à leur émulation collective.

    L'émulation est renforcée par la dispersion des structures dans le tissu pavillonnaire qui permet le développement de contacts avec les riverains qui les entourent et empêche la constitution d'une enclave urbaine.

     

    L'autre particularité est que cette opération permet à la fois l'occupation de locaux vides, évite leur dégradation et la constitution de friches et offre la possibilité pour des associations ou d'autres structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) d'occuper des locaux à bas coût malgré la tension foncière en Île-de-France. Ces structures peuvent tester la faisabilité de leur activité et leur modèle économique de façon sécurisée. Il s'agit d'une véritable pépinière des activités de l'ESS et de l'agriculture en milieu urbain.

     

    La dernière particularité de cette opération est quel est le résultat de la construction citoyenne de la ville : les porteurs de projets sont sélectionnés par un jury formé de citoyens et évalués par celui-ci, afin de s'assurer qu'ils répondent à un besoin existant ou latent des habitants.

    L'habitant devient acteur de la transformation urbaine et retrouve pleinement son statut de citoyen.

     

    Le projet de la Ferme de Contin répond à plusieurs contraintes qui ont empêché la mise en œuvre d'une opération classique d'aménagement.

    La première est la localisation du site en zone C du Plan d'Exposition au Bruit de l'aéroport d'Orly qui limite très fortement la capacité à développer des programmes de logements.

    La deuxième est la présence du seul patrimoine antérieur au XXème siècle de la commune, du fait de l'expropriation visant à l'implantation de l’aéroport d'Orly et l'état d'abandon et de délabrement d'une partie de ce patrimoine (arrêté de péril).

    La troisième raison est l'opposition de la population à la démolition de ce patrimoine.

    La quatrième et dernière raison est que la Ferme de Contin est toujours habitée et qu'il était donc nécessaire de tenir compte de la présence de ces habitants.

     

    La contrainte imposant l'innovation, il convenait donc d'imaginer une nouvelle façon de concevoir un projet d'aménagement urbain.

    Le caractère solidaire de l'opération réside dans :

    • des locaux à bas coût, résultat d'une politique publique foncière dynamique qui permet le développement d'activités émergentes dont le modèle économique ne permet pas d'occuper des locaux au prix du marché,
    • des activités qui permettent l'insertion des publics les plus éloignés de l'emploi : formation de plaquiste chez Alicecoop, apprentis du Théâtre du fil...,
    • des nouveaux services accessibles même aux habitants les plus modestes (ressourcerie, formation, AMAP, etc),
    • le développement d'une coopération dynamique entre les structures qui associe les habitants dans leur mise en œuvre.

     

    Avant la mise en œuvre de l'opération, il n'existait pas d'offre de ce type dans la ville. Par ailleurs les porteurs de projet ont permis l'émergence et le développement de structures locales qui visent les mêmes objectifs qu'elles.

    Ce projet s'inscrit dans la politique publique de soutien de l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre à l’Économie Sociale et Solidaire.

    Elle vise la création et le développement d'activités inclusives et durables et la création d'emplois locaux pérennes et non-délocalisables, compte-tenu du décalage qui existe entre les offres d'emplois présentes sur le territoire et les qualifications des habitants.

     

    Le caractère durable du projet réside dans :

    • la réhabilitation des bâtiments avec des matériaux de réemploi s'appuyant sur des chantiers participatifs,
    • le développement de techniques écologiques de dépollution des sols, en vue de rendre ces terrains cultivables,
    • la formation à l'emploi de matériaux biosourcés et locaux dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (isolant à base de chanvre cultivé et transformé dans le sud de l'Essonne)
    • la réduction des déchets par la ressourcerie et la collecte, la transformation et la revente des encombrants des habitants,
    • le développement d'une agriculture locale exempte d'intrants phytosanitaires et des actions pédagogiques visant au déploiement de ces techniques chez les habitants,
    • le développement d'une filière de formation et la création d'un lieu d'expérimentation dédié aux agriculteurs urbains sur les différentes techniques utilisables (permaculture, aquaponie, etc) et tenant compte des problématiques particulières du milieu urbain : pollution des sols, contraintes foncières, etc.
    •  

    Ce lieu peut devenir également un lieu "ressource" pour les associations d'habitants souhaitant mettre en place des actions similaires dans leurs quartiers.

     

    Ces actions, avant la mise en œuvre de l'opération ne reposaient que sur les actions de sensibilisation développées par les collectivités territoriales.

    Les porteurs de projets permettent leur développement en profitant du dynamisme des coopératives et des associations.

    Cet aspect du projet découle de l'analyse des politiques publiques développées sur le territoire mais est également le fruit d'une co-construction avec les structures qui occupent la Ferme de Contin.

    Etude préalable

    L'équipe de l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre composée d'agents des services aménagement, développement économique, Économie Sociale et Solidaire et Plan Climat Air Energie Territorial a, en amont du lancement de l'appel à projet, réalisé un diagnostic précis des besoins des habitants et des attentes des élus de la ville de Paray-Vieille-Poste et un repérage du bâti pouvant être mis à disposition des structures.

    Sur la base de ce diagnostic, l’Établissement Public Territorial a rédigé le cahier des charges de l'Appel à Projet, la charte de bon voisinage et les conventions d'occupation des lots mis à disposition.

    L’Établissement Public Territorial a par ailleurs mobilisé ses partenaires afin d'assurer la diffusion de l'appel à projet.

    Il ne s'agit pas d'une méthodologie hypothétique mais d'une méthode expérimentale qui découle de l'analyse des attentes de la population et des élus de la ville, mais également des contraintes techniques et réglementaires du site et des expérimentations développées sur le territoire national.

     

    La Ferme de Contin, en tant que laboratoire urbain teste les usages en vue de voir quels seront ceux qui pourront répondre aux besoins des habitants en étant pérennisés dans l'opération d'aménagement.

     

    Cette première analyse a permis de définir les objectifs de l'appel à projet visant à choisir les porteurs de projet qui sont :

    • le développement de l’agriculture urbaine, du conditionnement des produits de l’agro-alimentaire ou d’une offre de restauration permettant la promotion de circuits courts,
    • la création de lieux de partage et de moments festifs et conviviaux autour de l’agriculture, la cuisine, en lien avec la démographie de la commune ou avec les équipements et acteurs présents sur le territoire,
    • le développement de l’activité économique, culturelle, sociale et solidaire, de tiers-lieux, tels que des ateliers partagés, du petit artisanat ou des ateliers d’artistes.

     

    Pilotage : Grand-Orly Seine Bièvre et Mairie de Paray-Vieille-Poste.

    Elue référente : Nathalie LALLIER, Maire de Paray-Vieille-Poste et Vice-Présidente de l’Établissement Public Territorial déléguée à l’Économie Sociale et Solidaire.

    Propriétaires du Foncier : Commune de Paray-Vieille-Poste et Etablissement Public Foncier d'Ile-de-France.

    Partenaires : Cluster Eau Milieux sols, CAUE91, Institut Paris Région, École Boulle, l'Arc de l'innovation, France Active,

    Diffusion :Les Muses de Paris FM, Conseils Départementaux de l'Essonne et du Val de Marne, Plateau Urbain, le 6B.

    Financeurs des porteurs de projets : Arc de l'innovation, Fonds de soutien aux initiatives locales, Région Île-de-France, Fondation Julienne Dumeste, DRAC Île-de-France, Préfecture de l’Essonne, commune de Grigny, FONJEP, CAF de l’Essonne, Conseils Départementaux de l'Essonne et du Val de Marne, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Ministère de la Cohésion Sociale au titre de la réussite éducative.

     

    Les actions développées à la Ferme de Contin sont pour certaines destinées aux habitants de Paray-Vieille-Poste (7 503 habitants - INSEE 2018) et d'autres peuvent intéresser un bassin de 300 000 habitants situés à moins de 15 minutes de voiture de la Ferme de Contin.

    Le projet est élaboré par la population. Le jury est composé en majorité par des riverains du quartier.

    Deux sessions de désignation des lauréats ont été organisées en 2019 et en 2021.

    Les habitants ont pu également évaluer la pertinence des actions développées par les porteurs de projet lors d'un premier bilan intermédiaire en décembre 2021.

     

    Par ailleurs, un dispositif de concertation est actuellement piloté par le Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement de l'Essonne à destination des habitants, des élus, des techniciens et des structures porteuses afin d'élaborer la future programmation du site.

    Les leviers principaux de l'appropriation du projet par la population sont le dispositif de co-construction du projet et la prise en compte des intérêts particuliers, des contraintes des habitants du quartier et la charte de la Ferme de Contin qui permet de limiter les conflits d'usage et de garantir la tranquillité des riverains.

    Le principal frein pour l'appropriation de l'opération par les habitants est le caractère vieillissant de la population et sa crainte du changement.

    Le travail de terrain et de médiation réalisé par l’Établissement Public Territorial, la commune de Paray-Vieille-Poste et les structures et le dispositif de concertation développé doit permettre de dissiper ces craintes. En parallèle, des évènements organisés dans les espaces publics et privatifs de la Ferme de Contin permettent aux habitants de rencontrer les structures et de créer des liens avec elles.

    Bien qu'étant un projet "sur mesure", car partant d'analyses des enjeux du secteur, des besoins des habitants et des élus (tissu pavillonnaire, opération diffuse...) et de l’expérimentation des usages, le dispositif développé peut être répliqué dans d'autres territoires (travail avec les habitants, méthodologie de l'appel à projet, mobilisation des partenaires...)

     

    Deux villes du territoire ont pu, d'ores et déjà, bénéficier des premiers résultats de l'expérimentation développées à la Ferme de Contin. Il s'agit de :

    • Vitry-sur-Seine (94) : Accompagnement en 2021 de la commune dans la mise en œuvre d'une opération d’urbanisme transitoire sur la dalle Robespierre (local de 300 m²), notamment en ce qui concerne la définition des objectifs de l’appel à projet, la rédaction du règlement de l’appel à projet, mais également en tant que relais de l’information auprès des partenaires de l’Établissement Public Territorial.
    • Savigny-sur-Orge (91) : La mairie a sollicité l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre en 2021 afin qu’il l’accompagne en vue de monter une opération d’urbanisme transitoire dans les cellules désaffectées du centre commercial du quartier Grand-Vaux (ZAC PRU). Cet accompagnement consiste en la définition des objectifs politiques de l’opération, la construction du règlement de l’appel à projet et la définition de sa programmation.

     

    Le projet de territoire de l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre a pour ambition de valoriser l’urbanisme transitoire par l’accompagnement de projets concrets.

    Cet accompagnement doit prendre plusieurs formes :

    • Coordonner et animer les réseaux et les opérations,
    • Faciliter le développement de l’Economie Sociale et Solidaire et l’accueil d’innovations économiques, sociales et sociétales sur le territoire,
    • Faire rayonner les tiers-lieux expérimentaux du territoire.

    Les difficultés rencontrées dans le pilotage de l’opération d’urbanisme transitoire de la Ferme de Contin ont été nombreuses : La situation sanitaire, les confinements et couvre-feux successifs et la difficulté à faire coopérer des structures de physionomie et à enjeux différents avec les habitants.

    Une riveraine avait ainsi appelé la police municipale afin de leur indiquer qu'un assassinat se produisait dans la cour d'un pavillon voisin du sien, n'ayant pas compris qu'il s'agissait d'une répétition théâtrale d'Othello...

     

    Mais le bilan à 2 ans de l’opération reste néanmoins très positif. En effet, la plupart des objectifs visés par l’appel à projet sont atteints ou en voie d’être atteints.

    En matière de développement de l’agriculture urbaine et de promotion de circuits courts, l’opération a permis la création d’une AMAP et va voir se développer une pépinière dédiée aux futurs agriculteurs urbains.

    Des formations sur les thématiques de l'agriculture urbaine sont en cours de développement.

     

    En matière de création de lieux de partage et de moments festifs et conviviaux l’opération a permis l’émergence de structures locales à l’image de Zestes Citoyens qui rassemblent la population et a vu la transformation de ce qui n’était qu’un parking en lieu de rencontre avec la population (journée du patrimoine, journée zéro déchet).

    La Maison de l’Écologie Urbaine et Pratique développera d'autres actions pédagogiques et ludiques autour de l’alimentation et de la permaculture, notamment des cafés débats.

    La salle de spectacle qui sera livrée au printemps permettra au public de se rencontrer dans un nouveau lieu de création et de diffusion culturelle.

    La boutique solidaire et les ateliers organisés dans la cour de l'association Et toi tu fais quoi ? ont également contribué à « refaire ville ».

    La Ferme de Contin, ancien espace délaissé, redevient ainsi progressivement un nouveau lieu de centralité.

     

    En matière de développement de l’activité économique, culturelle, sociale et solidaire, l’action d’"Et toi tu fais quoi ?" et de ses partenaires, la formation-insertion de plaquiste en matériaux biosourcés développée dans les locaux d’Alicecoop, comme celle développée par le Théâtre du fil auprès de ses apprentis permet, dès aujourd’hui et malgré le contexte, à une trentaine de personnes éloignées de l’emploi de se réinsérer grâce à des formations qualifiantes.

    L’urbanisme transitoire tel que mis en œuvre sur la Ferme de Contin est intimement lié à l’enjeu de l’accueil des structures de l’Économie Sociale et Solidaire et de leur accès à l’immobilier par le biais de la pérennisation des nouveaux usages développés sur les lieux.

     

    Les enseignements tirés de l’appel à projet de la Ferme de Contin permettent de faciliter la démultiplication d’autres démarches d’urbanisme transitoire dans d’autres villes du territoire, notamment :

    • La nécessité de définir des objectifs politiques préalables,
    • La nécessité d’utiliser des réseaux de communication informels, en complément des réseaux de communication institutionnels,
    • La nécessité d’un portage politique fort et constant tout au long de l’opération,
    • La nécessité d’avoir des diagnostics techniques précis des bâtiments et des terrains mis à disposition,
    • La nécessité d’avoir un pilotage rigoureux, mais souple, de l’opération.

     

    Ces enseignements sont aujourd’hui mis à profit pour accompagner les communes du territoire qui souhaitent développer des expérimentations d’urbanisme transitoire.

    Les structures présentes dans la Ferme de Contin sont encore trop émergentes pour disposer d'un modèle économique stable qui leur permet de pérenniser leur activité.

    Les niveaux de redevance, justifiés par leurs missions d'intérêt général, permettent à ces structures de se développer.

    La durée des conventions (minimum 3 ans renouvelable jusqu’à la mise en œuvre de l’opération d’aménagement) permet de les consolider davantage.

    Objectifs

    Les objectifs du projet à l'échelle de la ville de Paray-Vieille-Poste, à court terme, sont de recréer de la convivialité dans la ville et de définir la programmation de la future opération d'aménagement, compte-tenu notamment de l'impossibilité d'affecter l'ensemble du patrimoine à du logement en raison de l'application du Plan d'exposition au bruit de l'aéroport d'Orly.

    A plus long terme, l'objectif est de favoriser l'acceptabilité du projet par la population, de garantir la préservation de son patrimoine historique et d'accueillir de nouvelles activités économiques et culturelles sur les thématiques suivantes :

    • développement de l’agriculture urbaine, le conditionnement des produits de l’agro-alimentaire ou d’une offre de restauration permettant la promotion de circuits courts ;
    • création de lieux de partage et de sites permettant l'accueil de moments festifs et conviviaux autour de l’agriculture, la cuisine, en lien avec la démographie de la commune ou avec les équipements et acteurs présents sur le territoire.

     

    A l'échelle de l’Établissement Public Territorial Grand-Orly Seine Bièvre, l'objectif à court terme est de valoriser et développer les actions du territoire en matière d’urbanisme transitoire et leurs acteurs (développer les caractéristiques de territoire innovant, solidaire et en mutation) et de dupliquer une méthodologie favorisant l'émergence de nouveaux projets sur le territoire.

    A plus long terme, les objectifs sont de :

    • favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire, de nouvelles filières artisanales sur le territoire et la formation de la population à ces métiers ;
    • permettre la création d’une bourse des locaux et d’un annuaire des acteurs de l’urbanisme transitoire afin d’attirer, d’accompagner et de multiplier ce type d’initiatives sur le territoire ;
    • coordonner, développer et favoriser l’articulation temporelle de ce type d’actions à l’échelle de l’ensemble du territoire ;
    • renforcer l’attractivité de sites en déshérence grâce au modèle du contrat de réciprocité (gagnant-gagnant) avec les acteurs ;
    • permettre le développement de liens sociaux entre les différents acteurs du territoire (institutions, associations, coopératives, artisans, artistes, habitants…) et faire émerger de nouveaux lieux de convivialité afin de « refaire ville » ;
    • favoriser le développement d’une nouvelle offre culturelle et conviviale variée au plus près des habitants.